Dans les spectaculaires paysages du Canada, plusieurs identités culturelles se sont forgées en lien étroit avec le territoire. Qu’il s’agisse de la forêt, de la mer, du froid ou des rivières, ces films s’intéressent à l’influence de la nature sur le mode de vie, les connaissances, le langage et l’imaginaire. Les films de cette sélection comprennent : Au pays des jours sans fin Télesphore Légaré, garde-pêche La Nahanni Bûcherons de la Manouane Les voitures d’eau César et son canot d’écorce L’aviron qui nous mène – Solo élémentaire L’aviron qui nous mène – Double élémentaire L’aviron qui nous mène – Solo …
Dans les spectaculaires paysages du Canada, plusieurs identités culturelles se sont forgées en lien étroit avec le territoire. Qu’il s’agisse de la forêt, de la mer, du froid ou des rivières, ces films s’intéressent à l’influence de la nature sur le mode de vie, les connaissances, le langage et l’imaginaire.
Les films de cette sélection comprennent :
Au pays des jours sans fin
Télesphore Légaré, garde-pêche
La Nahanni
Bûcherons de la Manouane
Les voitures d’eau
César et son canot d’écorce
L’aviron qui nous mène – Solo élémentaire
L’aviron qui nous mène – Double élémentaire
L’aviron qui nous mène – Solo en eaux vives
L’aviron qui nous mène – Double en eaux vives
La bête lumineuse
La conquête de l’Amérique I
La conquête de l’Amérique II
Nicolas Renaud followed film studies at Concordia University with a career as filmmaker and video artist. Since 1998 he has made video installations, experimental films and a documentary.
Comme réalisateur, caméraman ou scénariste, Douglas Wilkinson a travaillé sur une trentaine de films entre 1949 et 1967, dont plusieurs consacrés aux Inuits. Ses films dans l’Arctique sont empreints de respect et de fascination pour un peuple si bien adapté à ce territoire dénudé et glacial. Même si le ton de la narration et la forme classique du documentaire ethnographique appartiennent à une autre époque, Wilkinson savait filmer des portraits attachants. Dans Au pays des jours sans fin, la texture caractéristique de la pellicule couleur des années 1950, comme le bleu saturé du ciel sur l’horizon enneigé, confère une beauté unique aux images.
Simple portrait d’un couple âgé vivant dans les bois, ce film peu connu réunit une jeune équipe émérite de cette époque de l’ONF : réalisation de Claude Fournier, images de Michel Brault, production de Léonard Forest et musique de Robert Fleming. La caméra de Brault s’attache particulièrement aux scènes de nuit, suivant le fanal à la brunante, scrutant les visages sous les lampes à l’huile. Dans un intéressant procédé narratif, les deux protagonistes commentent le film après-coup en se regardant à l’écran. Ce film nous offre le document d’un temps révolu : le couple Légaré subvient à tous ses besoins de façon autosuffisante et atèle le cheval à la carriole pour se rendre à la messe du dimanche. Puis il témoigne d’une occupation qui fut le lot de plusieurs Québécois attirés par la vie en forêt à l’époque : guide et garde-pêche pour des clubs privés, surveillant l’intrusion des habitants des alentours qui voudraient y prélever poissons et gibiers, s’occupant de « Monsieur le docteur » venu se reposer en pêchant quelques truites.
Ce court film éblouissant est un classique méconnu du cinéma canadien. Le décor hostile et majestueux des Territoires du Nord-Ouest, rendu avec la charge affective du 35 mm couleur du début des années 1960, s’accorde à la démesure du personnage. Malgré son âge avancé, Albert Faille affronte pour la huitième fois la puissance et l’isolement de la rivière Nahanni, habité par la légende d’un riche filon d’or. Loin de la démarche du cinéma-direct qui éclot au même moment à l’ONF, ce film est l’un des plus beaux exemples d’une autre tendance qui animait alors quelques excellents cinéastes au Canada anglais : des portraits de personnages singuliers, dans une forme à la limite de la mise en scène, avec narration aux accents épiques et musique dramatique. L’homme ne dit pas un mot, mais devient un mythe à l’écran, figure de la légendaire fièvre de l’or, emblème de l’Homme affrontant les forces de la nature. La rivière Nahanni fut protégée en 1972 par Pierre-Elliott Trudeau, qui créa un parc national pour la soustraire à un projet hydroélectrique.
Gascon arrivé au Québec dans les années 1950, Arthur Lamothe est l’un des cinéastes les plus importants et prolifiques de l’histoire du documentaire. Pourtant, son œuvre fut très peu diffusée et son nom est peu cité au sein de la culture cinématographique québécoise. Il s’est sans cesse intéressé aux fondements identitaires du rapport avec le territoire. Seulement quelques-uns de ses films furent produits à l’ONF, dont son premier, Bûcherons de la Manouane, relatant le quotidien des bûcherons isolés dans les forêts de la Haute Mauricie au cœur de l’hiver. Ce sera aussi sa toute première rencontre avec des Amérindiens, croisés au bord d’un chemin de coupe, alors qu’ils cèdent la place aux grandes compagnies. Il consacrera par la suite aux premiers peuples la plus grande partie de son œuvre. Ses films se distinguent par une qualité cinématographique unique, alliant une démarche du cinéma-direct à des passages quasi oniriques, trouvant parfois des états de grâce et de pures sensations à travers l’objectif de la caméra. Ici, on ressent vivement l’intensité du froid, la rudesse du travail et la solitude des hommes éloignés de leurs familles.
Cet autre film de Perrault tourné avec les habitants de l’Île aux Coudres est moins souvent évoqué que Pour la suite du monde parmi les œuvres phares de l’histoire du documentaire et du cinéma québécois. Il est pourtant aussi beau et aussi riche. Perrault continue de faire chanter le fleuve Saint-Laurent par ceux qui vivent dans ses courants. Les personnages sont ici les capitaines des dernières goélettes, ces bateaux de bois qui faisaient jadis la fierté de l’île et dont la construction était un savoir précieux transmis à travers les générations. Mais avec la concurrence des grands navires de fer qui passent de plus en plus nombreux au large de l’île, les jours des goélettes sont comptés. Ce film offre le vibrant tableau d’un monde en déclin. Aujourd’hui, on pourrait dire qu’il s’agit d’un symbole éloquent de la mondialisation, montrant la pression du développement commercial et technologique sur les particularités culturelles et la viabilité économique des petites communautés.
Film sans narration dans lequel le cinéaste observe patiemment le travail d’un Amérindien qui construit son canot entièrement avec les matériaux de la forêt. La valeur de ce film est d’abord de fixer sur pellicule un art en voie de disparition, car César est l’un des derniers Attikameks sachant construire un canot d’écorce. Film d’une grande simplicité et pourtant captivant, car pour chaque élément que l’homme tire de la forêt - écorce, bois, résine, racines - on se demande ce qu’il va en faire et on suit attentivement ses gestes. Le canot prend forme sous nos yeux, produit fabuleux d’une culture dont les connaissances et la créativité étaient si profondément ancrées dans le milieu naturel.
Passionné par le canot, naturaliste et artiste aux multiples talents (peintre, auteur, réalisateur, caméraman, monteur), Bill Mason fut l’un des cinéastes les plus marquants de l’ONF. Ses nombreux films aux images splendides sont tous voués à l’exploration et la préservation des espaces naturels. Dans cette série sur les techniques de canotage, il franchit lui-même des rapides intimidants, faisant danser son canot entre les rochers, les remous et les vagues furieuses. La leçon est remplie d’inventivité cinématographique. Angles de caméra astucieux, ralentis, arrêts sur image et éléments d’animation présentent chaque manœuvre dans le détail tout en exaltant la beauté des sites. Le vert translucide d’un lac, le scintillement de l’eau sur l’aviron ou la coque rouge glissant sur un ciré noir nous plongent dans le rêve, dans le désir de partir nous aussi à l’aventure à bord de cette formidable invention des peuples amérindiens.
Passionné par le canot, naturaliste et artiste aux multiples talents (peintre, auteur, réalisateur, caméraman, monteur), Bill Mason fut l’un des cinéastes les plus marquants de l’ONF. Ses nombreux films aux images splendides sont tous voués à l’exploration et la préservation des espaces naturels. Dans cette série sur les techniques de canotage, il franchit lui-même des rapides intimidants, faisant danser son canot entre les rochers, les remous et les vagues furieuses. La leçon est remplie d’inventivité cinématographique. Angles de caméra astucieux, ralentis, arrêts sur image et éléments d’animation présentent chaque manœuvre dans le détail tout en exaltant la beauté des sites. Le vert translucide d’un lac, le scintillement de l’eau sur l’aviron ou la coque rouge glissant sur un ciré noir nous plongent dans le rêve, dans le désir de partir nous aussi à l’aventure à bord de cette formidable invention des peuples amérindiens.
Passionné par le canot, naturaliste et artiste aux multiples talents (peintre, auteur, réalisateur, caméraman, monteur), Bill Mason fut l’un des cinéastes les plus marquants de l’ONF. Ses nombreux films aux images splendides sont tous voués à l’exploration et la préservation des espaces naturels. Dans cette série sur les techniques de canotage, il franchit lui-même des rapides intimidants, faisant danser son canot entre les rochers, les remous et les vagues furieuses. La leçon est remplie d’inventivité cinématographique. Angles de caméra astucieux, ralentis, arrêts sur image et éléments d’animation présentent chaque manœuvre dans le détail tout en exaltant la beauté des sites. Le vert translucide d’un lac, le scintillement de l’eau sur l’aviron ou la coque rouge glissant sur un ciré noir nous plongent dans le rêve, dans le désir de partir nous aussi à l’aventure à bord de cette formidable invention des peuples amérindiens.
Passionné par le canot, naturaliste et artiste aux multiples talents (peintre, auteur, réalisateur, caméraman, monteur), Bill Mason fut l’un des cinéastes les plus marquants de l’ONF. Ses nombreux films aux images splendides sont tous voués à l’exploration et la préservation des espaces naturels. Dans cette série sur les techniques de canotage, il franchit lui-même des rapides intimidants, faisant danser son canot entre les rochers, les remous et les vagues furieuses. La leçon est remplie d’inventivité cinématographique. Angles de caméra astucieux, ralentis, arrêts sur image et éléments d’animation présentent chaque manœuvre dans le détail tout en exaltant la beauté des sites. Le vert translucide d’un lac, le scintillement de l’eau sur l’aviron ou la coque rouge glissant sur un ciré noir nous plongent dans le rêve, dans le désir de partir nous aussi à l’aventure à bord de cette formidable invention des peuples amérindiens.
La chasse à l’orignal, rituel cher à de nombreux Québécois, est ici le lieu des retrouvailles et de l’évasion en forêt, mais aussi de l’expérience de ses limites, des délires éthyliques et de la mise à l’épreuve des amitiés. Dans cet univers de bravade et de compétition masculine, les chasseurs se lient contre le « poète » du groupe, qui devient la cible de toutes les railleries et de tous les mauvais coups. Plus ou moins bien reçu et compris à sa sortie, notamment au Festival de Cannes, ce film déstabilise par un aspect au premier abord cruel. Rarement a-t-on vu dans un documentaire un tel dévoilement de la personnalité intime d’un homme, pris au piège devant une équipe de tournage effacée tel un témoin objectif de la situation. C’est pourtant un film sur l’amitié et la révélation de soi, comme le suggère un dialogue à la fin, si la « victime » accepte de valoriser l’opportunité d’être ainsi mise face à elle-même, « de se faire montrer ses faiblesses ». On comprend particulièrement avec ce film la boutade de son ami le cinéaste Jean-Pierre Lefebvre, disant que Perrault était « le meilleur réalisateur dramatique du cinéma québécois ». Chaque fois qu’on revoit ce film cru, intense et bouleversant, on y trouve immanquablement de nouvelles vérités et une admiration renouvelée.
Les deux films formant La conquête de l’Amérique, tout comme la plus grande partie de l’œuvre de Lamothe, ont été très peu diffusés. Depuis les années 1960, le cinéaste entretient une relation d’amitié avec le peuple innu (appelé jusqu’à récemment « Montagnais »). Près d’une trentaine de ses films sont consacrés à la transmission de leur parole, à la représentation de leur culture et à la défense de leurs droits, constituant ainsi le plus important corpus documentaire sur un peuple amérindien.
Dans La conquête de l’Amérique I, Lamothe présente l’histoire de la Côte-Nord comme une suite de contraintes incitant les Innus à céder leur territoire et changer leur mode de vie traditionnel. Le film relate des événements se déroulant principalement à la fin des années 1970, dans l’un des chapitres de « la guerre du saumon ». Le gouvernement a consenti d’importantes portions de rivières à des clubs de pêche privés et des pourvoiries. Les Innus peuvent pêcher à certains endroits désignés et à la condition de se procurer un permis, bien que leurs ancêtres aient pêché en ces lieux depuis bien des siècles avant l’arrivée des Européens. Les rapports entre les Amérindiens et les garde-pêche sont tendus et un inquiétant mystère plane sur les circonstances entourant la noyade de deux jeunes Innus.
La trame sonore de Jean Sauvageau, pionnier de la musique électronique, est un élément singulier de l’esthétique de nombreux films de Lamothe. Accompagnant souvent de longs plans panoramiques sur le territoire, cette musique insuffle aux images des émotions indicibles, tout en produisant d’étranges contrastes avec le ton et le sujet du film.
Les deux films formant La conquête de l’Amérique, tout comme la plus grande partie de l’œuvre de Lamothe, ont été très peu diffusés. Depuis les années 1960, le cinéaste entretient une relation d’amitié avec le peuple innu (appelé jusqu’à récemment « Montagnais »). Près d’une trentaine de ses films sont consacrés à la transmission de leur parole, à la représentation de leur culture et à la défense de leurs droits, constituant ainsi le plus important corpus documentaire sur un peuple amérindien.
Dans La conquête de l’Amérique II, les légendes traditionnelles contées par un aîné de la communauté se mélangent aux difficiles démarches politiques des Innus pour retrouver leurs droits de libre accès sur la rivière Natashquan. Dans la dernière partie du film, hommes, femmes et enfants vont établir un camp au pied d’une chute. Privés de l’accès à la rivière par le bail octroyé à une pourvoirie et peu à peu contraints de renoncer à leurs déplacements saisonniers à l’intérieur des terres, ils n’allaient plus depuis de nombreuses années à ce lieu sacré, où leurs ancêtres pêchaient le saumon. Au-delà du discours politique, Lamothe matérialise alors de façon sensible les concepts de droits, d’identité, de tradition et d’appartenance au territoire. C’est en voyant les Innus emprunter les anciens portages, installer leur camp, pêcher et préparer le poisson, que ces concepts deviennent tangibles, que leur réalité devient émouvante et indéniable. En observant des gestes où résonne l’écho d’un temps lointain, nous saisissons concrètement que le peuple innu appartient à ce territoire autant que ce territoire lui appartient.
La trame sonore de Jean Sauvageau, pionnier de la musique électronique, est un élément singulier de l’esthétique de nombreux films de Lamothe. Accompagnant souvent de longs plans panoramiques sur le territoire, cette musique insuffle aux images des émotions indicibles, tout en produisant d’étranges contrastes avec le ton et le sujet du film.